DES CANARIES AUX ANTILLES

TURPITUDES ET AUTRES PETITES TERGIVERSATIONS  D'UN MARIN D'OPÉRETTE EN ESCALE

    Vendredi 2 Novembre 2007

J’ai retrouvé mon bigorneau cette nuit tel que je l'ai laissé il y a deux mois, pas de mousses vertes et suspectes sur le pont comme il y en aurait eu chez nous en Bretagne, non nickel chrome, à l'intérieur ça ne sent même pas le moisis ou le renfermé, c'est impeccable et c'est déjà une bonne surprise.

Au petit matin un gars du port me saute dessus en me baragouinant je ne sait trop quoi en espagnol je finis par comprendre que je dois dégager immédiatement que je devais partir le 31 octobre et patati et patata, ok ok j'm'en vas! Pleure pas!, de toute façon Little bigorneau a l'air un peu ridicule ici au ponton des super-mastards de l'A.R.C le plus petit de nos voisins fait 60 pieds (18mètres et quelques) et ça monte parfois jusqu'a 100 pieds (beaucoup + encore de mètres) donc je dégages au mouillage à coté de port, c'est mieux car c'est moins cher, en revanche c'est extrêmement rouleur (mais ça l'avantage de préparer l'estomac pour la traversée).


    Dimanche 4 Novembre 2007

Monté en haut du mat pour installer mon nouveau feu, c'est sympa le culbuto a 11 mètres de l'eau mais faut pas trop en abuser.

Ensuite nettoyage de la carène,j'ai toujours voulus faire le finot en achetant l'antifouling le moins cher, j'aurais adoré arborer un sourire triomphant affirmant haut et fort que les antifoulings sophistiqués et chers ne servent qu'à amadouer les ploucs, c'est vrai dans le port pollué de St Brieuc mais malheureusement totalement faux dans les eaux chaudes, ma coque est recouvertes de coquillages, et mon hélice ressemble plus a une oeuvre d'art moderne qu'à une hélice, je passe toute l'après midi gratter la carène, l'hélice retrouve à peu près sa forme originale après 343244 coups de burins et autant d'apnées, en plus ces cons de coquillages ne veulent pas partir et se défendent en m'affligeant d'innombrables balafres, je suis maintenant repérable à des kilomètres j'ai la peau aussi blanche qu'un cachet d'aspirine et striée de lignes virant du rouge vif au rose, c'est très tendance!


    Reste du séjour a las Palmas


LA VENGEANCE DU CARAMBAR (caramba!!!)

Une nuit un English qui est venu mouiller a coté de moi, me cogne dedans, je me lève en grommelant, reprend un peu de chaîne et retourne me coucher, sitôt allonger j'me dit comme ça « tiens j'me taperait bien un carambar! » (c'est mon péché mignon le carambar, Sophie m'en a offert un paquet avant le départ avec pour consigne de n'en manger qu'un par jour, j'avais bien sûr mangé celui de la veille et je comptais bien en reprendre le lendemain, mais là je venais d'avoir une « émotion » et de toute façon c'était une histoire entre moi et ma conscience et puis personne le saurait jamais...) mais aussitôt avoir refermé ma mâchoire sur le maudit caramel, un morceau de plombage et un bout de dent collé avec se fait la malle, et merdeueueu c'est pas le moment d'avoir une ratiche qui s'infecte surtout dans le mois à venir ou le premier dentiste sera à des centaines de kilomètres heu pardon de milles.

Je ne sais pas ce qui m'a fait le plus mal: les soins ou les 120 euros que le dentiste m'a fait payer mais en tout cas dorénavant je ne mange plus qu'un seul carambar par jour (du moins j'essaye).

LES DÉMONS DU FOX TERRIER OU LE MONOLOGUE DES TROIS BELGES

Ceux qui me connaissent, disent de moi que je suis un gars plutôt sympathique, certes, mais aussi quelque-peu timbré (ceux là n'on pas besoins de lire la suite pour en être convaincus)!

L'inactivité, du moins l'activité réduite à la fâcheuse tendance a me faire cogiter, c'est sûrement bon de temps en temps de faire jouer ses méninges (bien que je connaisse des tas de gens qui vivent très bien sans jamais avoir pratiquer ce genre d'exercice), en tout cas en rêvassant tranquillement dans ma couchette une petite voix venant de l'intérieur de mon cerveau me dit comme ça:

-«tu crois que ça vaut vraiment le coup d'aller en Guyane pour deux semaines et de se taper 600 milles pour ça?»

Aïe je me suis dit je n'aime pas trop changer mes plans comme ça, mais je savais bien que cette petite voix aller aussi revenir

Je ne sais pas si tout les êtres humains sont comme moi (en tout cas il vaut mieux pour eux car attend de lire la suite) mais en tout cas, j'ai un point commun avec un représentant de la race canine: Milou, j'assiste souvent à des duels entre un petit ange et un petit diable qui au lieu de me laisser tranquille veulent ma donner des ordres et des contre-ordres

-Le petit diable:"Quoi! Renoncer à la Guyane, ça va pas non, quant on dit, on fait! Pas de discussion!"

-Le petit ange (qui parfois a un langage grossier):"Mais qu'est ce que c'est que ces conneries de Guyane c'est n'importe quoi cette histoire"

-Moi: "rien"

-Le petit diable:"Ben t'avais pas qu'a dire que tu y allais maintenant t'es obligé"

-Le petit ange (cynique): "Y’a que les imbéciles qui changent pas d'avis"

-Le petit diable:"Il n'en est pas question!"

-Le petit ange (qui me prend a partie): "Tu ne vas quand même pas le laisser te donner des ordres réagis couille molle!" (Comme je l'ai déjà dit le petit ange a parfois un drôle de vocabulaire)

-Moi:"Oh laissez moi tranquille!"

-Le petit diable:"A ben si t'es pas capable de prendre une décision moi je vais un prendre une"

-Le petit ange:"Et pourquoi ça serait toi qui commande?"

-Moi:"Ho ho ho silence!je prendrais la décisions dans 2...heu non dans 3jours et aucun de vous deux ne devra parler d'ici là compris!"

C'est ma méthode favorite de laisser du temps, une méthode un peu lâche car je me dit que peut être un de ces deux crétin pourrait mourir de péritonite ou une autre connerie de ce genre et je n'aurait plus qu'a écouter une seule voix au lieu de deux et ma vie serait alors grandement facilitée


Au bout du troisième jours

-Le petit diable:"Alors qu'est ce que tu as décidé?"

-Moi:"Aïe"

-Le petit ange"Oui au fait qu'est ce que tu as décidé?"

-Moi: "Moi? Heu rien"

Hurlements des deux crétins

-Moi: "Bon ça suffit, heu on va tirer à pile ou face!"

-Le petit diable:"Il n'en est pas question on va en Guyane un point c'est tout!"

-Le petit ange:"Mais c'est le délire dans cette baraque (là j'ai souris car en fait on est dans un bateau) et gnagna et gnagna!"

-Moi (courageux):Pfff

Jacassements des deux crétins

-Moi (courageux):" BON ÇA SUFFIT!!!"(gros silence sur le port de Las Palmas)"Pile la Guyane, face les Antilles, un point c'est tout!!!"

Fin des atermoiements des deux crétins

-Moi:" Magister dixit!" Que je rajoute pour m'la péter un peu (j'adore m'la péter)

....silence dans ma tête ça fait du bien!

Le seul problème maintenant est de trouver une pièce pour faire pile ou face, mais je ferais ça au dernier moment car j'ai horreur qu'on me force à mettre la main au porte-monnaie!

Donc pour l'instant je ne peux pas dire quelle sera ma prochaine escale.


    Dimanche 11 Novembre 2007

Départ de Las Palmas

Ça y est tout est prêt (du moins je l'espère), je pensais qu'il m'aurait fallu faire appel à ma volonté et à mon courage mais à vrai dire je suis au pied du mur, en plus, j'ai lu dans les instructions nautiques que le chemin le plus rapide pour se rendre en Europe des Canaries c'est de passer par les Antilles, d'habitude j'évite de lire les instructions nautiques qui annoncent toujours les pires ouragans tsunamis, éruptions d'îles volcaniques ou la chutes de météorites ou de stations spatiales, mais dans ce cas là ça m'arrange donc a nous l'Atlantique...

Après avoir passé la multitude de cargos mouillés devant Las Palmas je sort ma pièce pour savoir quelle destination je dois prendre, donc pile la Guyane, face direct sur les Antilles.... face humm, je tourne la tête autour de moi pour voir si personne ne me regarde (mais comme je suis tout seul à bord ça ne risque pas) je pense rejouer car je préférerais la Guyanne en plus les deux crétins ne semble pas encore réveillés et j'ai pris la résolution de ne plus les écouter, mais je repense au mail de Sophie qui me disait qu'elle préférait la solution du petit ange qui lui semblait plus sage.

J'hésite, mais en même temps je n'ai pas la conscience tranquille, dernièrement j'ai pris un p'tit dej' à l'aéroport et le serveur m'a rendu la monnaie sur 50euros au lieu de 20, au port j'ai dit que mon bateau ne faisait que 8m et l'assistante du dentiste s'est trompée en comptant mes biftons et j'ai payé 50 euros de moins que prévu, d'autres ont goûtés du bagne pour moins que ça, sans même l'intention d'y mettre les pieds....

La mort dans l'âme je remet bien sagement ma pièce dans la poche....CAP SUR LES ANTILLES(2693 milles)

Mais je me promets qu'à mon prochain périple vers le Pacifique cette fois je m'arrêterais en Guyane

    Mercredi 21 Novembre 2007

LES PILOT-CHARTS

Savez mesdames messieurs ce qu'est un pilot-chart?

Il y a fort longtemps de cela un jeune, brillant et ambitieux, officier de la marine Américaine, rêvait de gloire et de commander, comme si c'était le sien, un des superbes vaisseaux de son vieil Uncle Samuel (mais dans la famille on l'appelait simplement Sam).

Malheureusement la Nature parfois cruelle avait affublée ce jeune officier d'une jambe plus courte que l'autre (ou une autre infirmité similaire) de sorte qu'il ne pouvait prétendre à embarquer sur aucun de ces merveilleux vaisseaux ni même sur une malheureuse frégate...(à mon point de vue c'est là une formidable erreur, car on a déjà pus voir des officiers de la perfide Albion, notamment un dénommé Nelson qui lui avait une jambe vraiment beaucoup plus courte ce qui ne l'a pas empêché de faire une belle carrière embarqué sur des navires de combats...)

Ce malheureux officier fut alors affecté au commandement des archives de la fameuse U.S navy ou s'entassaient, entre autre, tout les livres de bords de tout le navires qui ont croisés dans tout les coins des océans depuis la création du monde c'est à dire depuis la création des Etats-Unis.

Ne pouvant naviguer sur la grande mare salé, le jeune officier navigua alors dans sa tête, il eu alors l'idée lumineuse de retranscrire toute les informations dont il était dépositaire pour créer un document pouvant servir a la navigation de ses pairs qui vont sur l'eau...

Il divisa l'océan en une multitude de petits rectangles et dans chaque rectangles il indiqua mois par mois la proportion, la direction, la force des vents observés dans les livres de bords, ainsi qu'une multitude d'autres informations notamment le pourcentage de calmes plats en d'autre termes de pétole...les pilot-charts étaient nés...


Personnellement je pense que malgré un bon départ et une bonne intention il doit y avoir un petit problème, car dans le petit rectangle ou je me trouve actuellement le pilot-chart indique 2% de calmes plats , 8O% de vents de Nord-Est (les alizés) et environ 5% de vent de Sud-Ouest....hors depuis maintenant dix jours que je suis partis j'ai eu 1jours de vent de Nord-Est force 1 (ce qui fait, si mes calculs sont exacts: 10%), 4 jours de pétole totale force 0, ce qui fait, (là aussi si mes calculs sont exacts: 40% ), et enfin 5 jours de vent de Sud-Ouest force5 plein dans la gueule (50%!!!)

Alors de trois chose l'une:

1-Le jeune officier, qui en plus d'avoir un penchant sur tribord à cause de sa courte patte avait aussi un penchant pour la boisson, qui lui faisait un peu se mélanger les petits rectangles...

2-Les commandants des navires américains mettaient n'importe quoi sur leur journal de bord...

3-Le petit Jésus qui n’a visiblement rien d'autre à faire, m'en veut personnellement, et comme je ne vais plus faire pénitence au bagne, espère bien me faire ch... au maximum.

Je ne vois qu'une seule de ces explications, quoi qu'il en soit mon pilot-chart de Novembre flotte maintenant en boule dans mon sillage, ça ne vas pas faire venir ces foutus Alizés ni interpeller le jeune officier sur la mauvaise qualité de son travail, mais sur le coup ça m'a fait du bien (y'a pas de petits plaisirs).



ceci explique cela, je pense battre le record de lenteur de la traversée car en dix jours : 620 milles de parcourus qui dit mieux?....


    Jeudi 22 Novembre 2007

Oullala ça y est j'ai eu du vent de Nord-Est, j'ai touché les Alizés dit?.... Pas encore mon fils me dit une voix venant du ciel (je crois que la solitude ne me réussit pas) la nuit fut sacrément éprouvante car des orages n'ont pas arrêtés de zébrer le ciel toute la nuit, le vent n' a pas arrêté de changer de direction sans parler des grains orageux qui font passer le vent de force 3 à force 8 en moins de 2 secondes accompagnés d'un coup de Karcher de chez Karcher, le rodéo pour affaler en catastrophe, finalement je me fait tellement rincer a chaque fois que je passe la nuit la garde-robe en vrac sur le pont et je me laisse dériver, les voiles ont faillis éclater par deux fois et comme dit l'autre « qui veut aller loin ménage sa voilure » mais cela n'arrange pas ma moyenne...


    Vendredi 30 novembre 2007

Les alizés sont enfin touchés (pour de bon?....) vent d’Est a Nord-Est force 3 à 5 quelques fois 6 le seul bémol c'est les grains, deux ou trois fois par jours y en a un qui me tombe dessus m'obligeant a tout affaler (il m'arrive même de changer de cap pour pouvoir éviter ces gros nuages noirs) c'est pénible et ça gâche le plaisir, mais bon la routine s'installe et on avance dans la bonne direction (reste plus que 1080 miles...).



RADIO FRANCE INTERNATIONALE

Tous les jours sur cette onde est émis un bulletin météorologique couvrant la quasi totalité de l'atlantique Nord.

Mais pour des raisons qui me sont parfaitement inconnues, un jour ou deux en moyenne par semaine ma radio ne capte que : »et mainten B BBBRRRR a BRRRRR téo mar BBBRRR BRBRD »j'ai cru au début que cela venait de mon poste récepteur, mais je captais parfaitement ce jour là, la radio chinoise, anglaise, australienne... et même en cherchant un peu la radio slovaque ou du royaume de Patagonie, le mystère reste entier...

Une des explications qui m'est venue a l'esprit est que R.F.I est une noble institution, comme on en possède pleins en France, et qui a dus avoir son heure de gloire au temps de feu le Général (il a toujours aimé la radio ça lui rappelait son jeune temps) à cette époque ça devait sûrement être quelque chose avec une salle d'émission grande comme un appartement et remplis de grosses ampoules incandescentes et de transistors gros comme des boites a chaussures, ça clignotait de toute parts c'était vraiment magnifique ont se serait cru chez un marchand de guirlande de Noël.

En ce temps là ont ne mégottaient pas sur la qualité, si bien qu'encore aujourd'hui la magnifique salle d'émission est beaucoup moins rutilante certes, mais remplie toujours ses honorables fonctions, le seul petit couac c'est qu'il y a quelques fois des surchauffes dans les condensateurs et il faut toujours veiller à ce que la porte soit ouverte sinon... dieu sait ce qu'il pourrait arrivé....cela fait des années maintenant que la porte de ce local est toujours ouverte et personne n'y fait plus attention.

Seulement voilà depuis quelque temps quelqu'un a décidé quelque part d'interdire de fumer dans les lieux publiques (on peut considérer que R.F.I est un lieux publique) et un certain monsieur Duchemin technicien à R.F.I depuis quelques mois est, pour une raison qui lui est propre, totalement dépendant de la nicotine et est obligé de temps en temps de s'éclipser pour pouvoir en griller une petite, comme il fait un froid de canard en ce mois de Novembre a Paris il s'est dit : "tient pourquoi ne pas s'enfermer dans la salle d'émission personne n'y vient jamais! "....le problème comme vous le devinez sûrement c'est qu'au bout d'un moment monsieur Duchemin n'est plus le seul à fumer et de l'ensemble de l'installation se dégage une irrespirable odeur de bachélithe cramée (monsieur Duchemin qui souffre de rhumes chroniques probablement due à la cigarette ne s'en rend pas compte)

S'il vous plait monsieur Duchemin, loin de moi l'idée de vous interdire de fumer mais pourriez vous essayé de le faire en dehors des heures de météo soit 12H30 locale si possible, vous pouvez sans problème fumer sur en dehors des heures de météo, car l'ensemble des autres programmes est d'un ennuis mortel et ne doit pas intéressé grand monde.

D'AVANCE JE VOUS EN REMERCIE...

    Mardi 4 décembre 2007

Cela fait deux jours maintenant que je suis comme sur une nappe d'huile sans aucune once de vent, les voiles pendent lamentablement même le spi tombe tout droit il n'y a même plus de houle et le bateau ne bouge plus du tout, c'est très confortable mais il fait une chaleur à crever, le moteur sert un peu mais je n'ai presque plus d'essence donc ...j'attend!(796miles encore), il paraît qu'au temps de la marine à voile on sifflait pour appeler le vent mais je n'ose pas de peur de déclencher une tempête donc...j'attend(796miles encore)!! de toute façon il me reste encore quelques boites de thon, deux kilos de riz et 40 litres de flotte et une boite de compote de pomme donc je peut tenir encore au moins un mois, le seul problème c'est que j'ai annoncé que je mettrait 30 jours pour arriver de l'autre coté et qu'à ce rythme là je pourrait bien en mettre 20 de plus et comme je n'ai aucun moyen de prévenir de mon retard ça risque de causer des inquiétudes pour les proches mais bon y'a pas de vent y'a pas vent j'peux pas le fabriquer moi même...


    Mercredi 5 décembre 2007

Un tout petit souffle d'Est commence a apparaître je sort toute la garde robe qui se gonfle et se dégonfle mollement, vitesse 2 noeuds c'est déjà ça, puis petit a petit ça remonte au point même d'affaler le spi ça y est c'est repartis.


Les jours qui suivent se ressemblent vent d' Est 4 a 5, et toujours ces foutus grains qu'il faut surveiller sans cesse (quoi que certains ne sont qu'une grosse douche sans que le vent ne se lève fort), mais je suis tellement échaudé par les grains que même la nuit en dormant a poings fermés je reconnaîs immédiatement une goutte de pluie entre le fracas des vagues et je suis sur le pont en moins de deux secondes, il vaut mieux être à poil car la douche qui suit est souvent copieuse (foi de Breton).


    Samedi 8 décembre 2007

Vent d'Est force 0,5 ma vitesse est de 1 noeud il reste 361 milles donc il me reste 15 jours de mer si le vent ne se lève pas, en plus j'ai encore des grains qui me tombent dessus mais depuis deux ou trois jours ils ne sont plus accompagnés de violentes rafales mais il faut quand même courir enlever le pilote électrique (je met le pilote par vent trop faible pour le régulateur) car je doute qu'il résisterait a des trombes d'eau.

J'ai remarqué que quand le baromètre baisse le vent baisse aussi et quant il remonte, les alizés reprennent du service...

Je suis quand même étonné car j'ai bien dus lire des dizaines de récits sur la traversée de l'Atlantique par les Alizés mais je n'ai jamais entendus parler de conditions comme ça, calmes plats et grains ça fait même penser aux conditions « pot aux noirs » zone qui se trouve bien plus au sud, j'ai eu tout à coup un doute sur mon G.P.S peut être suis je bien plus Sud que je ne le pense, mais en mesurant la hauteur du soleil au midi local je confirme que je suis bien a peu près à la latitude des Antilles...mais bon la situation n'est même pas pénible ni inconfortable. Parfois même je me dit que je ferais bien un coup à la Moitessier et foncer sur Tahiti plutôt que de rentrer en France.


Finalement quand on fait le bilan je trouve quand même plus agréable de naviguer au large que près des côtes on a pas à....

    -Sortir et à rentrer les par-battages et les aussières a longueur de temps.

    -Se demander si le moteur va démarrer ou non (on s'en fout)

    -Calculer les marées pour savoir si on a le temps d'arriver avant la renverse ou pas

    -Se dire: » mais elle est où cette foutue balise on l'à piquée ou quoi...? »

    -Surveiller les autres bateaux dans tous les coins et qui vous engueules parce qu'on a passé trop près de leurs lignes a maquereaux.

    -Se faire contrôler par les aff.mar pour savoir si j'ai bien ma bouée avec le ptit canard qui va avec

    -Attendre dix heures échoué sur de la vase puante parce qu'on a loupé la dernière écluse.

    -Se faire écrabouiller contre les pontons où contre d’autres bateaux dans les ports de Tréguier ou de Lézardrieux par des courants démoniaques.

    -Payer des sommes astronomiques pour se mettre à un ponton (oui mais vous avez le courant gratuit...mais j'm'en fou d'ta prise électrique...)

Les seuls véritables danger du large sont à mon avis les collisions avec des cargos et de tomber sur du véritable mauvais temps... jusqu'ici ça va, jusqu'ici ça va....il y'a aussi le risque de tomber par dessus bord (mais c'est le même risque qu'en navigation côtière) et ce risque est quasiment nul car je suis accroché en permanence au bateau par une longe fixé à l'avant de la descente qui me permet d'aller de ma couchette j'usqu'à l'avant et à l'arrière du bateau.


    Dimanche 9 décembre 2007

Pensé à écrire au jeune officier des pilot-charts, le prévenir avant que quelqu'un ne s'apercoive de la supercherie... vent Sud-Ouest force 2 près serré vitesse 1.5 noeuds....no comment.


Autre hypothèse: le réchauffement climatique dérègle les pilot-chart, c'est vrai qu'il fait chaud 36°dans la cabine...

    Lundi 10 décembre 2007

Cher père Noël

J'ai été, cette année encore super gentil, je ne pense pas avoir causé du tort à qui que ce soit, j'ai répondu de bonne grâce aux réflexes conditionnés qui m'on été inculqués d'aller travailler pour en donner les deux tiers au trésors du public et de dépenser le tiers restant à des choses que je n'ai pas besoin, je crois même me rappeler que je suis allé voter.

Comme tu le vois cher père Noël j'ai été un petit garçon bien sage.

J'aimerais cette année, si cela est possible recevoir mon cadeau un p'tit peu en avance.

Je voudrais:

-Du vent d'Est à Nord-Est pour aller jusqu'en Martinique.

-Que les méchants grains soient totalement éradiqués pour toujours.

-Un nouveau spi car le mien s'est déchiré dans un de ces satanés grains.

-Une panoplie d'indien.

Je te remercie d'avance

YANN

Le vent change de direction et de force en permanence c'est hyper pénible

Je retrouve dans le fond de la calle une vieille canette de bière cela doit  bien faire deux ou trois ans qu'elle doit traîner là, et bien puisque la providence t'a mise là ma petite je vais te boire et même si tu n'es pas fraîche, j'ai beaucoup d'imagination, malheureusement pas fraîche ça peut passer mais elle est complètement tournée elle n'a plus de goût ou plutôt un goût de liquide que l'on vide ailleurs après avoir bu de la vrai bonne bière fraîche, je verse le contenus par dessus bord.


    Mardi 11 DECEMBRE 2007

1 mois aujourd'hui que je suis parti je m'en veux surtout pour la réputation de ma frégate qui n'est pas un foudre de guerre mais qui ne mérite vraiment pas de gagner le record de la traversée la plus lente.

Dans la nuit le vent se lève a l'Est YEESS force 6,7 ça déboule.

La météo annonce une tempête tropicale nommée Olga (c'est pas très sexy comme prénom) et merde, manquait plus que ça, mais après tout ces jours de pétole j'en suis arrivé à espérer une bonne vieille tempête, mais elle est à plus de 200milles de moi et se déplace vers l'Ouest rapidement.. Donc pas de tempête cette fois ci


RENCONTRE DU 4ème TYPE

En contemplant le sillage de little bigorneau, un immense cachalot me coupe la route en souflant à trois mètres a l'arrière! mais c'est monstrueux ces bêtes là! et ça va a toute vitesse en plus, je descendait une vague si bien que je l'ai vu en « contre plongée »ce qui fait un effet encore plus impressionnant, je suis tout fébrile j'ai eu les jetons, j'ai faillis lui hurler « CHAUFFARD! » mais j'ai été tellement surpris que rien n'a pus sortir de ma bouche (après tout c'est mieux ainsi car, en fin de compte, il a plus de légitimité d'être là que moi) je frémis encore à ce qui se serait passé avec un décalage d'une seconde, avec ses quarantes tonnes et à la vitesse ou il allait, je crois que si il m’avait éperonné sur le coté çà aurait été sûrement la fin de la carrière de little bigorneau et la fin de la mienne par la même occasion, je crois que cet épisode aura été a sa façon le moment le plus fort de cette traversée.


 

Mercredi 12 décembre

Vent d'Est force 6 avec une très grosse mer (souvenir d'Olga) ont fait des surfs fabuleux (sauf que quelques fois le régulateur ne suit plus et arrivé au bas de la vague une des voiles se met à contre et on se retrouve en travers de la vague suivante (c'est à ma connaissance la meilleure méthode pour chavirer) mais Little fait quand même face.

Vers 10H j'aperçois une nuance grise un peu plus foncé que le ciel sur l'horizon... la terre! ha ben j'suis bien content.

Arrivé au mouillage du Marin vers 18heures le temps est gris et venteux avec (encore) des grains violents mais ceux là sont tout aussi Karcherisant mais ne font pas monté le vent aussi fort.

Rangement du bateau et des voiles, gonflage de l’annexe et ptit tour a terre pour donner des nouvelles, FIN DE LA PREMIÈRE TRAVERSÉE.


BILAN

Little Bigorneau est arrivé en parfait état, rien n'a été cassé, il pourrait repartir demain sans soucis (je pense qu'il serait quand même préférable de faire une inspection à fond).

Les seuls problèmes on été:

-j'ai oublié d'enlever les piles dans mon GPS qui ont « fondues » bousillant l'appareil au passage, heureusement on m'en avait prêté un de secours pour le voyage (merci Gilbert).

-Le spi qui a eu une petite déchirure je pense réparable mais c'était du bonus car il est super vieux et je suis constament supris par le fait qu'il est toujours prêt à rendre service.

-Autre petite mésaventure je fume la pipe quelquefois (je pense que ça me donne l'air d'un vieux loup de mer) et j'ai retrouvé un matin seulement deux petit morceaux de pipe, le milieux s'était consumer...phénomène qui m'a surpris mais, après tout, peut être que c'est normal car les pipes sont faites en bois et que le bois ça brûle!


Voilà en tout cas je suis vraiment tout surpris d'être arrivé jusque là, par moment je me dit que je doit sûrement être en train de rêver que je vais bientôt me réveiller mais c'est quand même une sensation fort agréable, peut être, après tout, que tout ceci est bien réel (je l'espère) et cela valait vraiment le coup...

yann quenet & little bigorneau





Créer un site
Créer un site