DE LA BRETAGNE AUX CANARIES

Vendredi 27 juillet 2007

    Ça y est on est sur le départ, c'est une impression étrange, je suis comme spectateur de la scène, un peu comme si c'était quelqu'un d'autre qui partait, oubliées les heures et les heures de préparation, oublié le stress à regarder une météo catastrophique pendant tout le mois de juillet, oubliée la liste des choses à faire qui s'allonge au fur et à mesure que l'on raye les choses faites (phénomène extrêmement curieux) oubliée aussi cette sensation de course permanente contre le temps alors que tout a été prêt en temps et en heure,
    Non au moment du départ je suis super zen et décontracté, malgré la météo peu engageante pour les jours à venir, par moment je me dis que ce ne doit pas être normal de rester serein dans un moment pareil (s'angoisser parce qu'on n'est pas assez angoissé,  je crois que je suis vraiment mûr pour l'asile).
J'ai passé la journée à fignoler les derniers détails, mais je pense que tout était prêt car j'ai eu beau chercher, je n'ai rien trouvé à faire de l'après midi (à vrai dire il reste bien des choses à faire, mais qui ne sont vraiment pas des priorités et que j'ai, en plus, horreur de faire, c'est la finition, les peintures intérieures sont cracras, la majeure partie des aménagements sont bruts de contre-plaqué, les matelas et les coussins sont de l'âge du bateau et complètements défoncés, bref contrairement à certain qui bichonne l'intérieur de leur bateau en harmonisant la couleur de leurs coussins avec celle de leurs rideaux en astiquant cuivres et vernis, sur little bigorneau c'est du brut de décoffrage rien que du simple et du fonctionnel pas de chichi, seule concession au confort: des toillettes pour la demoiselle Sophie) on est pas sur le queen mary non !!!!)

    Pas mal de gens sont venus nous (nous? fallait lire la chronique de sophie) dire au revoir, je ne rafole pas de ce genre de cérémonie mais l'ambiance est bon-enfant  et certains arrivent avec une bouteille ou un gâteau maison humm....
    A vrai dire je n'aime pas trop les spectateurs car c'est toujours à ce moment là qu'on loupe une manoeuvre que d'habitude on réussi les doigts dans le nez,  et on commence à apercevoir sur les visages une expression du style "Ben y sont pas arrivés" !!!!

    L'écluse est a 17H la météo annonce du SW 25noeuds avec rafales! super pour commencer!!!, en plus pour la nuit de samedi à dimanche un B.M.S a été émis: grand frais avec rafales à 35noeuds sur la pointe Bretagne (on devrait être habitué ça fait quatre mois maintenant que ça dure) j'ai pris la décision de ne pas entrer en Manche cette nuit, on va commencer par étapes histoire d'amariner Sophie et de laisser passer le coup de vent (ça serait vraiment con de casser du matos),  ce soir : mouillage à Bréhec.

Samedi 28 juillet 2007

    Nuit au mouillage sous un crachin "pur-beurre-Breizh" avec pas mal de vent, départ au p'tit matin sous un ciel gris foncé et un froid de canard, passés les Héaux de Bréhat vers 10heures, le vent soufle fort et dans le pif, la mer est hachée et dure, de la pluie, et Sophie qui vomit tout ce qu'elle a dans son petit sceau coincé entre les genoux... on est heureux!!!
    Vers 17h le courant nous "scotche" juste en face les 7îles je décide de m'arrêter à Perros-Guirec pour la nuit, c'est sûr "on est pas arrivé!!"

Dimanche 29 juillet 2007

    Effectivement dehors ça souffle, on passe toute la journée au port, bonne nouvelle l'anticyclone des Açores est en train de s'installer pour plusieurs jours sur le golfe de Gascogne en plus le vent va virer progressivement au Nord ....YES!!!! départ en fin d'après midi avec la marée.

Lundi 30juillet 2007

    Nuit plutôt désagréable car le vent est tombé mais la mer est encore très formée.
    Je n'arrive pas à faire fonctionner mon nouveau pilote électrique, je l'engueule un bon coup mais, ,je ne dois pas avoir l'air très convainquant
car il ne veut rien savoir le salopard!!!
    Passés Ouessant vers midi on commence à voir, ô miracle, du ciel bleu! je croyais bien que ça n'existait plus, à nous l'Atlantique ...
    Nous filons plein vent arrière sous régulateur avec juste la grand-voile car il y a encore pas mal de houle et je me vois mal envoyer le tangon, on file quand même à 5noeuds et le régulateur ne force même pas, nuit pépère on avale des miles.

Mardi 31 juillet 2007

    Le baro baisse 1001hpa ça m'inquiète un peu, en plus j'ai du mal à faire fonctionner ma radio pour capter un bulletin météo, je ne comprends pas, elle marchait nickel avant le départ, décidemment je n'ai pas de bol avec l'électronique, je me sens un peu vaseux et manque d'entrain, Sophie garde sa bonne humeur et son sens de l'humour

    Pendant la nuit le baro a encore baissé 980 hpa, en plus y'a des orages de partout, le ciel se zèbre d'éclairs dans tous les coins, le vent est complètement instable et va de la pétole à force 4 à 5 en passant par toute les directions, je pense que je suis en plein dans une dépression orageuse.

Mercredi 1 Août 2007

    Pétole totale, plus un pet de vent, je mets le moteur en marche mais le pilote refuse toujours de marcher (le régulateur d'allure ne fonctionnant pas sans vent) je finis par le baptiser "pilote pipi" car il ne tient le cap que 1 à 2 minutes et après se met en alarme alors qu'il est toujours sur le bon cap, je réitère mes menaces de le passer par dessus bord... rien n'y fait, ensuite je refais tout les réglages possibles (bande morte et gain) il ne veut toujours rien savoir,(si quelqu'un a déja eu ce genre de problème sur un SIMRAD TP20 je suis preneur d'informations) car je n'ai finalement pas eu le cran de le balancer réellement par dessus bord (que de la gueule), il fait donc toujours parti de l'équipage, finalement c'est mon vieux pilote AT50 digne de figurer chez un antiquaire qui fait le travail mais vue son grand âge il perd un peu le nord  toutes les 10 minutes environ.
    Un tout petit peu de vent l'après midi nous pousse à 2 à 3 noeuds et le régulateur peut reprendre du service.
    J'ai enfin compris pourquoi le récepteur radio ne fonctionne pas, le gps portable lui fait des interférences donc ce sera maintenant soit la radio qui fonctionne soit le gps mais ce n'est à vrai dire pas un problème.

Jeudi 2 Août 2007


    Au petit matin, pétole je mets le moteur et décide de mettre le cap sur la Corogne pour réparer mon nouveau feu de mat (ampoules à leds à 55euros achetées sur internet garantie 50000 heures .... mon c... oui!!! décidemment tout ce qui est neuf ne fonctionne pas) la mer est comme un lac et des dauphins viennent jouer avec nous mais comme j'atteins à peine les 4 noeuds au moteur ils se lassent un peu vite
    On arrive en fin d'après midi à la Corogne, là le vent se lève 6 à 7 beaufort (je pense par un effet de brise thermique) le soir douches et visite de la ville, nous jouons aux touristes

Vendredi 3 Août 2007

    Changement de l'ampoule du feu de mat pour une ampoule classique je ronchonne pour mon achat (mieux c'est souvent moins bien comme disent les vieux, ben dans ce cas là ils ont raison)
    Départ en début d'après midi le vent de nord  5 à 6 beaufort nous accompagne, ça avance vraiment pas mal

 

Samedi 4 août 2007

    Le vent tombe carrément dans la nuit mais la mer est toujours formée on est baloté dans tous les sens c'est hyper-désagréable.
    Dans la matinée le vent se lève NW 1 à 2 beaufort, toute la journée sous spi et la mer se calme peu à peu.
    Passés le rail dans l'après midi.

Dimanche 5 Août 2007

    Le vent a monté 3 à 4, on file bon train, les conditions sont idéales Little B est aux anges et nous aussi.
    Dans la soirée ça commence à souffler pas mal, je prends un ris, puis deux, puis trois, puis j'enroule entièrement le génois, on fait des sacrés surfs jusqu'à 11 noeuds avec juste 5 m2 de toile, mais je suis hyper tranquille même si plusieurs fois des vagues s'invitent a bord.
    Je sens que Sophie commence à avoir un peu peur, je la rassure en affichant un optimisme réel (à la météo prise à la Corogne ils n'affichaient rien de bien méchant ) je passe la nuit dans la couchette à roupiller comme un bébé laissant le bigorneau faire route tout seul, de toute façon ça ne sert a rien de sortir sur le pont on ne voit absolument rien sous une pluie diluvienne et les vagues et le vent nous chahutent pas mal, mais on fait route dans la bonne direction .

Lundi 6 Août 2007

    La mer est toujours forte
    Quand je prends la météo vers midi un coup de vent est en cours dans notre zone avec des rafales à 8 beaufort, je ne pense pas qu'on a eu autant de vent (je pense un bon 7b) finalement je suis content de ne pas avoir pris la météo hier car je me serai un peu inquiété et je n'aurai pas dormi aussi bien) je suis vraiment fier du comportement du bateau, pas une seule fois il ne m'a paru être en difficulté, c'est vraiment un bon bestiaux même si il ne bat pas de record de vitesse.

Mardi 7 Août 2007

    Toujours le même temps qu'hier vent et mer forte nous progressons quand même pas mal 130miles avec juste un bout de grand voile dans l'après midi j'ai l'impression que le vent tombe un peu, je mets en peu de génois mais l'enlève peu après.

Mercredi 8 Août 2007

    Le temps est toujours maussade et gris mais le vent tombe petit à petit mais il y a toujours autant de houle, Sophie est agressée constamment par toute les aspérités des aménagements, elle est couverte de bleues ...Mais elle va finir par casser mon bateau à force de le cogner tout le temps celle là!!!

Jeudi 9 Août 2007

    Le vent a molli au point  de remettre toute la toile, génois tangoné on fait des montagnes russes sur le reste de la houle.

Vendredi 10 Août 2007

    L'après midi le ciel se découvre, navigation de rêve sous un beau ciel bleu vent de Nord-Est 3 à 4 beaufort (les alizés du Portugal) croisière pépére de ptit vieux.

Samedi 11 Août 2007

    le vent est presque entièrement tombé, ça n'avance pas, en plus j'hésite à mettre le moteur car pas de pilote électrique (rerere rognutudju) et être à la barre sous un soleil de plomb, "non merci très peu pour moi", dans l'après midi je mets finalement le moteur et je barre en bouquinant assis dans la cabine arrière sur les toilettes finalement Sophie a eu raison de me "suggérer" les toilettes c'est finalement bien pratique.
    80 miles dans la journée record de lenteur
    Il reste 124 miles à faire jusqu'à Gran Canaria

Dimanche 12 Août 2007

    Le vent est revenu 4 à 5, ça dépote, vers 15heures j'aperçois Gran Canaria à 19 heures, on est amarré au port de Las Palmas en ayant fait toute la manoeuvre en marche arrière, non pas pour faire les malins mais parce que je n'avais plus de marche avant (après tout, ça marche aussi bien en arrière en plus on a une bien meilleure vue...)
Je suis bien content, pas eu de problème, pas de casse (juste l'ampoule de feu de mat et ce mahodit pilote (rererererre Rognutudju)(le problème de la marche avant était juste le cable qui avait fait l'école buissonière)
    Il ne reste plus maintenant qu'à trouver une place de port jusqu'au mois de Novembre, là je pense que ça ne va pas être de la tarte...

Lundi 13 Aout 2007

Bonne nouvelle le port a de la place jusqu'au début Novembre (j'avais espéré jusqu'au 15 Novembre mais c'est pas mal, ça fera juste un peu différer mon départ) car après le port accueil "l'ARC" une sorte de Rally pour ceux  qui redoutent la traversée seul  jusqu'aux Antilles et qui doivent payer une fortune pour juste se sentir réconfortés par une organisation!!!en plus les participants ont des bateaux hypers-balaises et sur-équipés, ça me parait un peu curieux comme méthode, m'enfin comme dit la chanson "chacun fait fait fait c'qui lui plait plait plait" .
    On fait un peu de course car on avait presque plus rien à manger à bord (il n'aurait pas fallu qu'on reste en mer plus longtemps)
    La ville ressemble comme deux gouttes d'eau aux grandes villes de chez nous.

Reste du séjour a Las Palmas

    Que dire? presque rien, une plongée à 9 mètres de profondeur dans le port pour récupérer le bouchon du réservoir du moteur de l'annexe de mon voisin de ponton , la réparation d'un vélo pliable trouvé dans une poubelle du port, du farniente, de la ballade, du courrier, les vacances quoi, seul petit bé mol la perte de ma carte bleu, il n'y a pas eu de problème pour y faire opposition mais on a fini les trois derniers jours avec juste 20 euros en poche (heureusement qu'on avait déjà payé le billet retour)

 

PS: le retour a été saisissant dès la descente du train à st Brieuc, le mauvais temps était toujours là (il n'était à vrai dire pas parti pendant notre absence) le vent glacial le ciel gris faisaient toujours partis du décor, je me suis demandé si j'ai bien fait de rentrer...j'ai eu une petite pensée pour mon petit bigorneau resté bien au chaud...

yann quenet & litteul bigorneau 

 




Créer un site
Créer un site