BILAN

Alors là si il y a un truc que je m'étais bien juré de ne pas faire c'était bien de faire un bilan, chacun en ce bas monde étant différent (heureusement) il y a bien autant de méthodes pour naviguer que d'individus sur cette planète, d'un autre coté c'est quand même super marrant de voir cette aventure avec un peu de recul d'autant que si c'était à refaire je referais à peu près tout pareil ce qui prouve que:
                            -soit je suis un peu taré.
                            -soit que tout était au point.
                            -soit que je n'ai en fin de compte rien appris
                            (En réalité je crois que cela doit être un peu des trois à la fois et, ma fois, j'en suis assez satisfait).




J'AI BIEN AIMÉ:
- Les traversées où au bout d'un certain temps on est complètement déconnecté du monde des terriens (bien noter son numéro de carte bleue avant le départ, impossible de se rappeler du code après trente deux jours de mer).
- Les îles qui surgissent à l'horizon alors que l'on croyait que la terre n'existait plus depuis longtemps (même a l'époque du GPS c'est toujours un moment magique).
- Les premiers jours à terre où l'on est comme sur un nuage et où l'on a l'impression d'avoir rêvé.
-Les rencontres avec les baroudeurs des mers et tous les navigateurs qui se baladent sur autre chose qu'une boite en plastok (mais même sur des boites en plastok y a des gens super sympa....mais pas tous).
-L'accueil inoubliable et chaleureux des habitants des Açores.
-Ma rencontre un peu trop proche avec mon pote le cachalot
-Le magnifique tableau d'une très grosse vague pendant mon coup de vent où un rayon de soleil éclairait un grand mur liquide et où j'ai aperçu un gros poisson nageant comme si de rien n'était dans ce cristal vert
- Mon retour où les copains du port m'ont pris un instant pour Yves Parlier (un comble pour un gars qui n'a pas passé les 3.5 noeuds de moyenne).

J'AI PAS AIMÉ
- Reprendre le travail.
- Inquieter un tout petit peu Sophie à chaque départ de traversée, les filles ont beaucoup d'imagination et regardent trop "Titanic" (même si tout le monde reconnaît ma ressemblance physique étonnante avec Léonardo) la traversée de l'Atlantique en voilier n'est à mon avis pas plus dangereuse que de traverser la France en voiture (surtout si c'est moi qui conduit).
- Rester 3 jours coincé dans le bateau au mouillage du Marin à cause d'une bonne entorse à la cheville.
 -Les grains parfois super-violents pendant la traversée Canaries-Antilles, même si ça permet d'avoir un coup de karcher gratis sur le pont, les voiles elles n'aiment pas trop et moi j'aime pas quand mes voiles n'aiment pas.

J'AURAIS DÛ:
-Trouver un moteur d'annexe car les alizés sont parfois tellement costauds que t'as beau ramer comme un diable tu reste sur place, et comme par hasard le jour ou t'as plus rien à becqueter a bord t'arrives pas à rejoindre la terre (ou alors avoir un bon dinghy en dur avec une bonne paire d'avirons et éventuellement une voile style optimiste mais là faut avoir un bateau conséquent pour le mettre dessus...).
-Acheter un guindeau, là pareil quand l'alizé souffle trop fort tu peux plus remonter l'ancre à la main.
-Ramener plus de bouteilles de rhum en métropole car le carton ramené n'a pas tenu 2 semaines après mon retour (pas que pour ma conso perso mais pour les cadeaux de remerciements les coups pour fêter mon retour et les passages incessants des copains venus se faire raconter l'aventure et se faire offrir un ti-punch).
-Acheter un téléphone satellite pour donner de temps en temps des nouvelles (surtout quand j'avais annoncé, bien sûr de moi, que je mettrais 25 jours pour rejoindre les Antilles et qu'en fin de compte j'en ai mis 32).


JE NE REPARTIRAIS PAS SANS:
- un détecteur "mer veille" (une merveille) qui détecte les émissions électro-magnétiques émises par les radars des autres bateaux, ça sonne dès qu'il y a un cargo dans le coin (quoique j'ai croisé deux fois un cargo sans que l'alarme ne se déclenche (glupps ne pas y penser).
-Un feu de nave à leds, la consommation électrique n'a rien à voir avec les anciennes ampoules à filaments.
-Un panneau solaire 20w monté sur un diabolo et un bas de mât de planche à voile fixé sur un montant du balcon arrière (il faut juste l'orienter cinq à six fois par jours) ça vaut a mon avis largement la production d'un panneau de 50watts a plat sur le pont ou sur un portique, le panneau m'a fourni l'elec en totale autonomie pour l'éclairage des feux de nave la nuit, le détecteur mer veille 24h/24 plus une heure ou deux d'ordinateur par jour (a chaque fois j'ai même démarré le moteur avec uniquement ma batterie de service, j'aurais même très bien pu me contenter d'une seule batterie)
-Le régulateur d'allure qui barre en permanence sans jamais se plaindre ni se fatiguer.(quoique ayant eu un petit moment de faiblesse sur la route du retour).
-Un bateau avec un look sympa et atypique, un peu comme se promener avec une voiture de collection: on fait beaucoup plus de rencontres, beaucoup de gens m'ont dit "c'est quoi ton bateau il est vraiment sympa" ou alors "ollala une frégate! j'ai navigué la dessus quant j'étais jeune" ou "mon grand père en avait une"... pour un gars comme moi qui n'a pas trop le sens du contact c'est vraiment super pour se faire des potes.

SI J'AVAIS EU PLUS DE SOUS: (juste pour un peu plus de plaisir mais sans être indispensable)
- Je me serais offert un régulateur de marque CAP HORN un vrai petit bijou super costaud super simple mais aussi super cher! (dans les 2000euros)
- Je me serais payé une trinquette sur enrouleur (ça fait prolonger la vie du génois d'une manière spectaculaire et la voile est bien plate dans la brise)
- Un deuxième panneau solaire simplement pour écouter de la musique toute la journée et pour avoir un coca bien frais de temps en temps.

METHODE DE NAVIGATION (ne pas rigoler en lisant les lignes ci après S,V.P)

Les voiles, là très simple, comme je n'ai pratiquement jamais barré du trajet et que c'était monsieur le régulateur qui bossait pour moi et comme je voulais qu'il tienne super longtemps je n'ai jamais sur-toilé (ce qui explique sûrement mes moyennes). Sinon le bateau est ardent mais il ne faut pas non plus sous-toilé sinon le bateau est mou, logique mais ça m'a demandé un certain temps pour comprendre (ne pas faire comme moi au début :regarder comment les autres bateaux sont toilés. Apparemment les voiliers ne réagissent pas tous de la même façon...!) sur la frégate il faut réduire tout de suite, les super-voileux utilisent un rail d'écoute de grand-voile dans le cockpit (j'ai appris plus tard après avoir viré ce truc inutile que cela servait à retarder le moment de prendre un ris en faisant déverser le haut de la voile) donc autant prendre le ris tout de suite (quoiqu'il m'est arrivé quelquefois d'être sur-toilé à un moment et sous-toilé avec un ris de plus(ceci arrive principalement au près)) peut être que les grand-voiles sur enrouleur peuvent palier ce problème.

 

J'ai entendu dire que certains avaient tout un attirail électronique notamment des lecteurs de cartes super-sophistiqués pour traverser l'océan, instruments sûrement très pratiques pour naviguer dans les cailloux de Bretagne ou de Patagonie par temps de brouillard mais, à moins d'avoir de graves lacunes en géographie, quand tu parts des Canaries en faisant cap à l'Ouest t'es sûr de ne pas rencontrer de cailloux avant un sacré bout de temps, même au bout d'une semaine t'a quand même pas besoin d'allumer ton lecteur de cartes trois fois par jour, de plus aux Antilles les îles sont visibles de super loin t'a pratiquement aucun courant et aucune marée et jamais de brouillard, je ne vois vraiment aucune raison d'avoir ce genre d'appareil a bord! (je sais je sais faut vivre avec son temps, paraît que même en bagnole y a des gabiers qui ne peuvent plus faire route sans leur machin électronique), un G.P.S portable a 70 euros fait super bien l'affaire par temps de brouillard où la veille d'un atterrissage, on peut même en avoir un deuxième au cas où, comme moi, on oublie les piles à l'intérieur.

 

Sans tomber dans une Moitésséïte aiguë, je pense qu'il faut toujours garder à l'esprit que l'on doit toujours pouvoir réparer son bateau avec les moyens du bord sans avoir à faire appel aux hommes de l'art, qui, dans le milieu du nautisme encore plus qu'ailleurs appartiennent plus à la catégorie arnaqueurs professionnels qu'à la catégorie techniciens professionnels (le pigeon plaisancier est vraiment un volatile un peu trop facile a plumer) d'autant que la «course aux équipements» est très souvent plus une excuse pour se rassurer qu'une aide réelle à la navigation.

TAILLE DU BATEAU:

Ont dit toujours p'tits bateaux p'tits soucis c'est bête mais c'est vrai, certains s'entêtent à avoir un bateau au dessus de leurs moyens (là aussi la taille n'est qu'un moyen de se rassurer et chez certains cela équivaut a une sorte de compensation d'un complexe d'infériorité comme pour les voitures (mais ceux là ne naviguent qu'une dizaine de jours par an)). A mon avis le meilleur bateau est celui que l'on peut se payer et surtout que l'on peut équiper (c'est vraiment trop con de louper une saison parce que l'on ne peut pas se payer un nouveau pilote ou une nouvelle voile cela signifie simplement que le bateau est un peu trop grand). Pour un périple comme le tour de l'Atlantique je pense que la frégate est un peu trop grande pour un solitaire (50cm de moins suffiraient) par contre pour un couple pour un trajet aussi long, 50cm de plus ne seraient pas un luxe (ou avoir un agencement un peu plus étudié car la frégate est typique des voiliers de plaisance des années 60 ou l'aménagement et le volume n'a rien a voir avec les bateaux modernes de même taille même par rapport à des voiliers des années 70 80).

 

EN PROJET

Le prochain périple est en cours de gestation, je suis en train de peaufiner les plans, il sera en contre-plaqué époxy, aura un mètre de plus que Little bigorneau mais sera beaucoup plus large et volumineux et aura un look rétro et un gréement aurique, destination TAHITI avec ma charmante équipière cette fois ci, début programmé des travaux 2009 (je vais essayer de faire un autre blog pour ceux que ça intéresse) clic sur l'image pour voir le chantier

 plan du voilier en cp epoxy

DONC A BIENTÔT POUR DE NOUVELLES AVENTURES

yann quenet & little bigorneau




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